1 État de l’art des pratiques éditoriales des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Méthodologie de l’état de l’art

La présente étude vise, dans un premier temps, à dresser un état des lieux actualisé de la publication numérique universitaire d’ouvrages, ses processus d’édition et de validation, ses outils et ses méthodes, en Belgique, mais aussi à l’étranger. Une attention toute particulière est accordée aux presses universitaires belges francophones, notamment quant à leur politique éditoriale, leur processus d’édition et leur état d’avancement et réalisations éventuelles en matière d’édition numérique ouverte.

Les nombreuses informations et données recueillies lors de cet état de l’art sont assemblées sous la forme d’un tableau synoptique (1.2), puis mises en parallèle avec la recherche documentaire, dans l’objectif d’expliciter les raisons de certaines pratiques éditoriales des presses universitaires, de les situer dans leur ancrage local, et de les réfléchir à l’aune des orientations et pratiques internationales. En effet, il a été vivement recommandé au chargé de mission d’étendre la zone géographique de ses recherches, notamment au regard des initiatives françaises et canadiennes, lieux historiques et confirmés de la science ouverte.

De ces différentes considérations, découleront ensuite des premières conclusions (1.3) et une cartographie de l’édition universitaire en huit étapes (1.4). Cet état de l’art met par ailleurs en évidence la contribution des bibliothèques universitaires dans le processus de publication (1.5) ainsi que l’influence des pratiques liées au périodique scientifique (1.6) dans les réflexions portées sur l’écosystème de la monographie universitaire.

En dernier point, cinq critères fondamentaux de l’édition universitaire ouverte (1.7) ont été établis et discutés. Ils serviront pour l’évaluation des solutions technologiques ouvertes (2), en vue de la seconde étape du projet AcOBE, celle consistant à conceptualiser un modèle de publication de livres numériques universitaires opérationnel. Par conséquent, cet état de l’art des pratiques éditoriales participe déjà à l’élaboration du modèle opérationnel.

Sur la base du premier axe défini par le CoPil, le chargé de mission a conduit une série d’entretiens avec les cinq presses universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles11, couvrant la période du 15 février au 15 mai 2023. Cette étape de trois mois a permis la rencontre de plusieurs dizaines d’acteur·trice·s de l’édition universitaire en Belgique francophone, mais également en France et au Canada. Souvent, ces entretiens se sont déroulés en visioconférence12. Parfois, au sein même de l’institution interrogée. L’objectif de ces rencontres était de nouer un premier contact avec les institutions concernées par AcOBE, et d’effectuer l’état de l’art de l’édition numérique universitaire en Belgique francophone. En moyenne, la durée d’un entretien est d’une heure, mais il n’est pas rare que la durée excède une heure trente, surtout lorsqu’un intérêt certain pour le projet est manifesté par l’éditeur·trice interrogé·e.

Cet état de l’art des presses universitaires de la FWB vise à mettre en exergue leur fonctionnement au terme de questions posées, selon des critères spécifiques (mode de gouvernance, ressources humaines, technologie, partenariat, entre autres). Il s’agit dès lors autant de l’organisation en tant que telle, de ses relations internes et ses collaborations externes, de ses pratiques éditoriales, des difficultés rencontrées ou encore de ses projets actuels et futurs. Il était par ailleurs question de spécifier, s’il y avait eu lieu de le faire, les initiatives mises en place dans le cadre de la science ouverte et a fortiori du libre accès.

En somme, ce sont les divers échanges entre les parties concernées, la recherche et l’étude d’initiatives étrangères ainsi que la recherche documentaire relative au périmètre d’AcOBE qui ont permis de construire ce tableau synoptique du paysage éditorial universitaire belge francophone.

De nombreux éléments techniques et technologiques seront mentionnés au fil de l’état de l’art. Ceux-ci sont abordés, brièvement ou plus en profondeur. Dans les deux cas, le moment technologique de la présente étude (partie 3) ne fera pas l’économie d’expliquer l’ensemble de ces éléments.

Tableau synoptique des pratiques éditoriales des presses universitaires

PUL

PUL

PUSL

PUN

ÉUB

Université

ULiège

UCLouvain

USLB

UNamur

ULB

Gouvernance

S.A. ASBL (PAGx) FIAL

Entité de l’AREC

ASBL

Service biblio (BUMP)

Cellule biblio (DBIS)

Équipe

8 ETP

1 ETP

0,5 ETP

1,5 ETP

3 ETP

Financement

Auteur

Auteur

Éditeur

Auteur

Auteur

Technologie

M. T. Métopes (FIAL) WordPress Pressbooks

M. T. Métopes (1) Onixsuite

Métopes Drupal

M. T. Onixsuite

M. T. Onixsuite

Sous-traitance

Impression

Structuration Mise en page Impression

Structuration Mise en page Impression

Mise en page Impression

Mise en page Impression

Diffusion & distribution

ORBi, e-publish, DOAB, LCDPU, OAPEN et OEB

DIAL, i6doc, DOAB (a. p.) et OEB (a. p.)

DIAL, i6doc, OEB

ResearchPortal, i6doc, OEB (a. p.)

DI-fusion, OAPEN

Partenariat & réseau

OASPA, COPE, Médici et OPERAS

AEUP

FOAA

Précisons d’emblée certains éléments avant d’entamer le point suivant :

  • « M. T. » est l’acronyme de « méthode traditionnelle » (voir la définition infra) tandis qu’« a. p. » est l’acronyme d’« anciennes publications »13 ;
  • Comme annoncé précédemment (n. 1), les Éditions de l’Université de Mons ne font pas partie de l’échantillon d’analyse ;
  • Cet état de l’art des pratiques éditoriales des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles a fait l’objet d’une présentation lors des Journées Médici 2023 organisées à l’Université de Liège les 28, 29 et 30 juin14.

Considérations et premières conclusions de l’étape 1

Une série de considérations ont été établies sur la base du corpus obtenu par le biais de huit critères d’analyse (première colonne du tableau synoptique). D’autres points ont été ajoutés à la discussion, afin d’accroître les considérations possibles, en vue de la seconde étape, c’est-à-dire, la conceptualisation du modèle opérationnel. Adviendront, en second lieu, les premières conclusions. Ce qui suit est dense et sert de matériau pour l’ensemble du projet.

Université

Chaque presse connaît un état de fait juridique et politique particuliers. Juridique, car une diversité dans les modes de gouvernance est attestée. Politique, car nombreux sont les événements qui marquent les presses ces dernières années. Notons, par exemple, la restructuration des Presses universitaires de Namur (PUN) et son intégration en tant que service de la bibliothèque universitaire Moretus Plantin (BUMP) en 2019. Deux ans auparavant, les Presses agronomiques de Gembloux (PAGx) sont intégrées aux Presses Universitaires de Liège (PUL) sous la forme d’une collection spécifique (« Agronomie »)15. Enfin, la fusion par absorption de l’Université Saint-Louis Bruxelles par l’UCLouvain a été votée en décembre 202216. Un régime transitoire de 3 ans a été annoncé, ce qui pose question quant au devenir de leurs presses respectives.

Gouvernance

L’intégration d’une presse universitaire au sein d’une bibliothèque universitaire apporte une facilitation à de nombreux niveaux (logistique, support technique, accessibilité aux publications, aide aux usagers, formation, etc.)17. Une partie des besoins relatifs aux ouvrages scientifiques édités par la presse universitaire est dès lors prise en charge par d’autres collaborateurs, souvent des bibliothécaires, voire par d’autres services de l’université. À titre d’information, la nécessité pour les presses d’être une partie intégrée de la bibliothèque est une préoccupation importante dans la littérature scientifique, notamment nord-américaine18.

Équipe

Le périmètre d’action des presses universitaires diverge pour certaines de façon notoire. Par exemple, les Presses universitaires de Liège (PUL) et les Éditions de l’ULB (ÉUB) ont plus de ressources humaines que les autres structures. Cette différence est aussi visible au niveau de la distribution de leurs ouvrages puisqu’elles ont toutes les deux au moins une librairie près de leur campus universitaire19. Dans le cas des presses liégeoises20, la vente des syllabi apparaît comme importante pour son équilibre financier.

Technologie

La méthode dite « traditionnelle » est présente dans l’ensemble du flux éditorial des presses universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette « M. T. » (cf. tableau supra) traduit une façon spécifique et dominante d’éditer et de publier des ouvrages universitaires en Fédération Wallonie-Bruxelles, comme dans de nombreux autres pays.

Cette méthode traditionnelle des presses universitaires compte au maximum trois étapes intégrées dans deux moments précis (édition, publication) du processus de publication d’un ouvrage :

Moment d’édition : la première partie du processus éditorial traditionnel (rédaction, vérification21 et édition), s’effectue au moyen d’un fichier au format docx, le plus souvent par l’intermédiaire du logiciel de traitement de texte propriétaire Microsoft Word (ou parfois son alternative libre Libre Office) ;

Étape optionnelle : pour plusieurs presses, une autre tâche est effectuée lors du moment d’édition. Le fichier édité dans le logiciel Word est ensuite balisé et converti dans un fichier au format xml. Cette tâche supplémentaire dépend de la plateforme de distribution avec laquelle la presse universitaire collabore. Pour celles qui collaborent avec OpenEdition Books, l’entièreté du contenu doit être balisé dans un fichier au format ouvert xml et selon le schéma tei. Il est alors question d’xml-tei22. Cette pratique est réalisée par l’intermédiaire du logiciel Lodel23 et de l’infrastructure Métopes24 qui privilégie l’utilisation du logiciel propriétaire XMLmind XML Editor Professional Edition. La plus-value d’intégrer la xml-tei dans le processus éditorial est de profiter du single source publishing. L’inconvénient, comme nous le verrons en partie 3, est sa complexité technique.

Moment de publication : la seconde partie du processus éditorial traditionnel, la publication, est réalisée par le logiciel propriétaire de publication assistée par ordinateur Adobe InDesign par le biais d’un fichier au format indd25. C’est sur la base de ce format de fichier que le logiciel InDesign exporte le document final au format pdf et ePub.

La technicité de ces pratiques (édition structurée en xml et mise en page via InDesign) a obligé plusieurs presses à externaliser des étapes du processus éditorial, comme l’atteste le tableau synoptique.

En ce qui concerne la technologie de leur site web, toutes les presses utilisent un CMS (système de gestion de contenu, traduction de content management system). Trois d’entre elles utilisent Onixsuite, une solution propriétaire qui a l’avantage de proposer des métadonnées complètes, orientées pour le commerce et basée sur le format XML et le schéma ONIX26, ce qui permet le partage avec d’autres plateformes ou bibliothèques, telles que la Banque du Livre ou la plateforme de diffusion Electre. Le désavantage, c’est que les possibilités de l’outil pour améliorer la mise en page de l’interface du site web ont été qualifiées d’insuffisantes par les presses universitaires. Cela explique en partie la similarité visuelle des sites web des presses universitaires reposant sur Onixsuite, et ce, malgré leur charte graphique propre.

Sous-traitance

À côté de la sous-traitance pour la structuration du contenu selon la méthode de l’infrastructure Métopes et la mise en page des ouvrages universitaires, toutes les presses interrogées externalisent l’étape d’impression. Pour quatre presses, l’impression est effectuée par la société coopérative Ciaco (PAGx27, PULouvain, PUN et PUSL)28. Le point fort de la Ciaco est d’offrir une impression à la demande des ouvrages, en plus de proposer un bouquet de services, dont la diffusion des métadonnées des ouvrages universitaires. Pour les presses restantes (PUL et ÉUB), l’impression n’est pas nécessairement à la demande et est réalisée, selon le projet éditorial, en offset ou en numérique. Une anticipation de la part de l’éditeur pour le tirage des exemplaires est donc indispensable sous peine d’être en possession d’un stock inépuisable qui risquerait d’être pilonné.

Notons que les presses universitaires qui collaborent avec la Ciaco pour l’impression de leurs monographies bénéficient également des services qu’offre la plateforme de diffusion et distribution i6doc29.

Diffusion et distribution

Depuis le projet « Dépôts institutionnels » de la BICfB30 finalisé en 200831, toutes les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sont munies d’une archive institutionnelle capable d’héberger la production intellectuelle de leurs enseignant·e·s et leurs chercheur·euse·s et d’en assurer la diffusion et la distribution en ligne32.

Plusieurs presses privilégient par ailleurs la plateforme française de distribution en libre accès OpenEdition Books (OEB). Hormis pour des collections particulières (coll. Religio des PULouvain ou celles de la faculté FIAL d’ULiège), la plateforme n’est plus préconisée, compte tenu de la maîtrise indispensable de Lodel ou de Métopes. C’est ce qui explique pourquoi nous ne retrouvons que les anciennes publications (« a. p. » dans le tableau synoptique) sur OEB. Cela témoigne d’anciennes collaborations entre les presses universitaires et OpenEdition, ce qui n’est pas sans rappeler le financement de l’État français pour qu’OpenEdition entame la numérisation, la diffusion et la distribution d’une grande quantité de collections sur son site web33.

Deux autres plateformes de distribution en libre accès sont également présentes (DOAB et OAPEN) dans l’état de l’art. Seule l’ULiège se démarque avec leur plateforme ouverte d’édition et de distribution de livres universitaires e-publish, basée sur la technologie ouverte Pressbooks.

Soulignons au passage l’aspect promotionnel des publications universitaires. Pour la quasi-totalité des presses universitaires, la communication promotionnelle est désinvestie, faute de temps et/ou de moyens. Même si la place qu’occupe la communication des presses rattachées à une bibliothèque universitaire est prise en compte, cela ne règle pas le problème des ressources humaines disponibles. C’est ce qui justifie la présence de canaux de promotion « classiques », à savoir les réseaux de l’auteur·trice34, la vitrine présente à la bibliothèque (et/ou dans l’enceinte de l’université), la présence de l’auteur·trice dans la presse écrite, dans les médias ou à la Foire du Livre, ou encore le dépôt du livre à la Banque du Livre ainsi que sur la plateforme de diffusion Electre.

C’est dès lors la médiatisation du livre par l’auteur·trice dans l’espace public et dans les médias qui permet au livre d’accroître sa visibilité, voire sa notoriété, et qui est susceptible d’attirer le public sur les plateformes de distribution. Ce phénomène montre que les métadonnées sont nécessaires, car elles garantissent la diffusion des nouveaux ouvrages universitaires sur le web, notamment dans les moteurs de recherche et les différents catalogues et bases de données.

Science ouverte

Nous arrivons au dernier point de nos considérations eu égard au tableau synoptique des pratiques éditoriales dans les universités belges francophones.

L’ouverture des presses universitaires se situe essentiellement au niveau de la diffusion et de la distribution des publications universitaires. Ainsi, aux côtés d’OEB, nous notons la présence de DOAB (Directory of Open Access Books) et d’OAPEN (Online Library and Publication Platform), deux plateformes de livres en libre accès d’origine européenne. Cette présence d’une politique de libre accès au sein des presses universitaires est à mettre en lien avec la position stratégique de l’université en matière de science ouverte35.

L’absence de la plateforme de diffusion et de distribution en libre accès américaine Project MUSE doit être soulignée. Cette initiative de la John Hopkins University met à disposition des publications scientifiques en Sciences humaines et sociales (SHS) de plus de 250 presses universitaires et sociétés savantes. Il ne s’agit pas d’une plateforme réservée au continent américain puisque, par exemple, en date du 17 novembre 2023, 414 publications de la Leuven University Press y sont librement accessibles36. Ce constat montre que la visibilité des ouvrages universitaires numériques des presses est limitée, mais qu’elle est susceptible d’être élargie. Cette absence s’expliquerait en partie par la dimension francophone des presses universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui privilégierait donc les plateformes basées sur une même langue d’usage. Cette hypothèse justifierait par la même occasion l’absence de la plateforme de distribution en libre accès Ubiquity Press en Belgique francophone et en France.

D’autres plateformes de diffusion et de distribution existent. Au niveau français, nous retrouvons, en parallèle d’Open Edition Books, Un@ l’édition (Universités Nouvelle-Aquitaine), OPUS (Université Paris-Cité), Éditions QUAE (INRAE, Ifremer et Cirad), ou encore Cairn, même si l’ouverture de cette plateforme n’est pas comparable avec celles précédemment citées. Au niveau européen, à côté du DOAB et d’OAPEN, mentionnons Open Book Publishers.

Enfin, nous l’avons dit, depuis 2008, chaque université s’est munie d’un dépôt institutionnel. Cela permet à chacune des presses universitaires de suggérer à ses auteur·trice·s de l’utiliser pour diffuser et distribuer leurs ouvrages en libre accès. Cependant, l’analyse de ces archives institutionnelles a permis de mettre en évidence la confusion qui règne dans les universités belges francophones sur ce qu’est le libre accès des productions universitaires. Cette notion de libre accès, à l’aune de ce qui apparaît effectivement dans les dépôts institutionnels, doit être relativisée, dans la mesure où de nombreux ouvrages et articles distribués sont indiqués comme étant librement accessibles par la communauté, alors qu’aucun fichier n’y est attaché (au mieux, seule la table des matières est partagée).

Parallèlement, ce flou autour du concept de libre accès dans les archives institutionnelles se vérifie également dans la compréhension que les presses universitaires en ont. En effet, il n’est pas rare que le libre accès soit confondu avec la gratuité ou le libre accès clandestin… Ce phénomène justifie l’ajout de la partie 2 consacrée à la science ouverte.

En définitive, cet état de l’art des pratiques éditoriales dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles montre que la science ouverte commence avec le libre accès. Ce phénomène local est confirmé par la tendance globale, puisque la mouvance du libre accès aux publications scientifiques s’est progressivement transformée en un mouvement pour une science ouverte, c’est-à-dire pour une ouverture des infrastructures, des processus et des outils utilisés pour la publication de documents scientifiques37. Il n’est dès lors plus question de réfléchir l’ouverture uniquement à partir des résultats scientifiques, mais au départ de tous les stades de la recherche38.

Premières conclusions

L’impact de la politique institutionnelle des universités interrogées influe sur le fonctionnement de leurs presses. La majorité d’entre elles fonctionnent en effectif réduit, tout en reposant sur un statut juridique parfois ambigu. De surcroît, plusieurs éditeur·trice·s des presses rencontrées ont manifesté le sentiment d’être esseulé·e·s ainsi que le besoin d’être épaulé·e·s par leur institution, au niveau technique, juridique, économique, ressources humaines… La présente étude se donne la tâche de répondre aux interrogations de ces différents niveaux.

La composition réduite des équipes des presses se manifeste dans les activités éditoriales déléguées par les presses. Le labeur que peuvent engendrer l’édition et la publication d’un ouvrage universitaire oblige les éditeurs à externaliser certaines étapes, à commencer par la mise en page. Hormis dans le cas des Presses Universitaires de Liège, l’étape de mise en page est réalisée par un prestataire externe. La maîtrise graphique des ouvrages édités par les presses universitaires n’est donc plus une compétence exercée en interne.

Cet état de fait doit être mis en parallèle avec une certaine impermanence du personnel éditorial. En addition, plusieurs départs notables surviendront durant l’année académique 2023-2024. Ce phénomène qui marquera plusieurs presses renforce la nécessité de mutualiser les ressources, d’envisager de nouvelles synergies intra et extra universitaires, et de collaborer dans des projets communs. Il apparaîtrait que la composition réduite des presses interrogées empêche la possibilité pour celles-ci de constituer des projets particuliers, puisqu’elles n’ont le temps que de répondre aux propositions de leurs auteurs et autrices issu·e·s de leur communauté universitaire.

Les presses intégrées au sein d’une bibliothèque universitaire soulignent les facilités acquises au quotidien. Cette intégration de l’édition universitaire au sein d’une bibliothèque universitaire contribue par ailleurs à la mise en place de réseaux d’échanges de compétences. Cet appel à de nouvelles synergies entre l’édition universitaire et les bibliothèques universitaires est un enjeu aujourd’hui majeur39.

L’édition universitaire en Fédération Wallonie-Bruxelles repose exclusivement sur l’utilisation de logiciels payants et propriétaires. La méthode traditionnelle (Microsoft Word pour l’édition, Adobe InDesign pour la mise en page) est à l’œuvre dans le flux éditorial de toutes les presses universitaires. Le moment technologique d’AcOBE (partie 3) démontrera comment une méthode ouverte est possible, soit pour elle-même, soit comme méthode complémentaire aux pratiques actuelles.

L’absence de directives et de recommandations des pouvoirs régulateurs pour l’ouverture du processus de publication d’ouvrages numériques universitaires est problématique. Cette tendance, nous l’expliciterons dans la partie consacrée à la science ouverte, est globale, même si de multiples initiatives émergent progressivement dans le paysage international. Dans l’état actuel, ce sont d’abord et surtout les périodiques scientifiques qui sont visés par les directives et recommandations nationales ou internationales. Ce constat se vérifie dans le contexte belge francophone. En effet, dans le décret Open access de la Fédération Wallonie-Bruxelles40, les termes « livre », « monographie » ou encore « ouvrage » ne sont pas mentionnés une seule fois. Le règlement du FNRS concernant l’open Access41 confirme cet état de fait.

La faible présence de pratiques éditoriales ouvertes dans le fonctionnement des presses universitaires pousse ces dernières à rediriger leurs auteur·trice·s vers des éditeurs privés. Malgré la participation de certains éditeurs privés mondiaux dans la science ouverte, cette ouverture, essentiellement au niveau de la diffusion et de la distribution, repose principalement sur le modèle économique dit « auteur-payeur », dans lequel la formule du Book Processing Charges (BPC)42 est dominante et anormalement élevée43. Réfléchir à l’ouverture des pratiques éditoriales, c’est corrélativement envisager un modèle économique qui rend ces nouvelles pratiques possibles (cf. partie 5).

Les partenariats montrent un manque de participation des universités dans les initiatives et consortiums européens et internationaux relatifs à la science ouverte. Selon la Commission européenne, c’est pourtant une condition essentielle pour que les presses universitaires puissent participer à l’ouverture de la science44. Cette évolution vivement recommandée par les autorités européennes n’a pas pour objectif d’aboutir à une uniformisation des processus éditoriaux, mais bien de coordonner les initiatives et ce, afin de mutualiser les ressources et les infrastructures, d’ouvrir le dialogue entre les acteur·trice·s de l’édition universitaire, d’entreprendre de nouvelles collaborations, mais aussi d’être informé des avancées technologiques susceptibles d’améliorer et d’alléger les tâches techniques de la publication scientifique45. Cette mutualisation préconisée par la Commission européenne, et maintes fois valorisée dans la présente étude, permettrait aux presses d’améliorer leurs services, même d’en proposer davantage, et d’être représentées collectivement46. Au niveau national, plusieurs presses sont membres de l’ADEB (PULouvain, PUN, PUSL-B et les ÉUB)47, l’Association des éditeurs belges de langue française, ainsi que les distributeurs et diffuseurs de livres actifs en Fédération-Wallonie-Bruxelles.

Enfin, nous l’avons déjà mis en évidence lors des considérations précédentes, une incompréhension de ce qu’est le libre accès des publications scientifiques et a fortiori la science ouverte ressort immanquablement des entretiens et des recherches conduits durant cette première étape du projet AcOBE. Des confusions répétées entre gratuité et libre accès, entre libre accès et accès institutionnel, ainsi que sur les différentes formes du libre accès ont été notées. Cet état de fait justifie l’ajout d’une partie consacrée à la science ouverte dans le rapport AcOBE. Cette partie supplémentaire permettra de clarifier une série de concepts et d’enjeux liés à l’ouverture de la science, et de mettre en lien les pratiques éditoriales et scientifiques locales avec celles recommandées à l’échelle internationale.

En conclusion de cet état des lieux des pratiques éditoriales dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, notre analyse montre une diversité à de nombreux niveaux (gouvernance, diffusion et distribution, partenariat), même si le paysage des presses universitaires reste marqué par des situations analogues, voire communes : d’abord, avec la présence dominante de la méthodologie traditionnelle (Word & InDesign)48 dans le processus éditorial d’ouvrages universitaires. Ensuite, la composition réduite des effectifs, ce qui contraint les presses à l’externalisation de plusieurs activités éditoriales d’une part, et, d’autre part, cela pousse certains auteur·trice·s universitaires à se diriger vers les éditeurs privés. Enfin, le manque d’investissement des universités dans des consortiums européens ou internationaux qui œuvrent pour une plus grande ouverture de la science et de l’édition.

Par ailleurs, la place qu’occupe la science ouverte dans les pratiques éditoriales diffère largement d’une presse universitaire à une autre. Par exemple, là où certaines universités ont déjà plusieurs points de contact avec les exigences d’une publication universitaires basée sur les principes de la science ouverte, d’autres peinent encore à trouver le temps de s’y consacrer.

Dans ces conditions, l’état de l’art, les considérations subséquentes et les premières conclusions au regard des pratiques éditoriales dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles montrent que le projet AcOBE assoit pleinement son utilité.

Ces considérations et premières conclusions de l’étape 1 sur la base du tableau synoptique permettent d’ouvrir plusieurs discussions qui apparaissent à présent comme nécessaires :

  • Cartographie de l’édition universitaire en huit étapes (1.4) ;
  • Contribution des bibliothèques universitaires dans le processus de publication scientifique (1.5) ;
  • Influence du périodique scientifique sur les pratiques éditoriales d’ouvrages universitaires (1.6) ;
  • Cinq critères fondamentaux dans l’édition universitaire ouverte sont définis, critères qui serviront pour le moment technologique d’AcOBE (1.7).

Ces discussions supplémentent les informations et analyses déjà présentées, mais elles constituent et complètent la partie consacrée à l’état de l’art des pratiques éditoriales. L’édition publique d’ouvrages universitaires est influencée par l’écosystème du périodique scientifique. AcOBE ne peut dès lors pas en faire l’économie dans son rapport.

De surcroît, l’évolution des métiers des bibliothèques amène le besoin de partager les connaissances de ses différents membres et d’envisager des horizons éditoriaux communs. Dans le cadre de l’ouvrage universitaire, il s’agit de réfléchir les pratiques éditoriales du livre avec celles des revues. Cette mise en perspective sera évidemment lacunaire, puisqu’elle n’est pas l’objet principal d’AcOBE. Elle ne vise donc qu’à accroître la compréhension d’un des domaines de la publication scientifique qui nous occupe, mais cette fois-ci à l’aune du périodique scientifique.

Cartographie de l’édition universitaire en huit étapes

Suite à cette synthèse des pratiques éditoriales dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ainsi qu’aux considérations et aux premières conclusions posées, il y a lieu de s’arrêter un instant et de cartographier les étapes de l’édition universitaire. Cette élaboration d’un modèle théorique propose une photographie d’un moment donné du processus de publication d’ouvrages universitaires. Elle ne saurait épurer à elle seule toute la réalité éditoriale, ni révéler les conditions sociales et historiques des presses universitaires. Cette cartographie du processus éditorial offre cependant une image du monde éditorial universitaire à un moment donné. Sur la base de cette cartographie, une discussion est possible, ce qui nous permettra, dans un second temps, d’envisager des pistes de solution pour le moment technologique d’AcOBE.

Huit étapes du processus de publication d’un livre universitaire ont été retenues. Cette représentation a été établie sur la base des rencontres avec les éditeur·trice·s des presses universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles, des échanges avec des acteur·trice·s du monde de l’édition publique français et canadien, ainsi que de la littérature scientifique. Les quatre premières étapes rendent compte du moment de pré-publication, tandis que les quatre dernières rendent compte du moment de post-publication. Le point culminant étant évidemment la publication, c’est-à-dire le moment où le livre universitaire est terminé et porté à la connaissance du public (ou du moins, d’un public donné). Avant ou après ce moment charnière, la finalité du livre change. Là où le premier moment se focalise essentiellement sur l’élaboration du livre, le second s’attache à garantir sa visibilité et son accessibilité au public. En clair, trois moments essentiels marquent la vie du livre : la pré-publication, la publication et la post-publication.

Nous aurons à le redire : cette rationalisation des étapes du processus de publication d’un livre ne prétend pas à un cadrage pur et simple de la réalité éditoriale. Ces catégories servent de balises à un processus qui n’est pas linéaire. Elles servent de modèle d’analyse et de compréhension, mais aussi de discussion. Les huit étapes en question :

  • Rédaction du manuscrit ;
  • Vérification du contenu (moment du peer reviewing) ;
  • Édition du manuscrit validé par les pairs ;
  • Publication du livre ;
  • Diffusion des métadonnées49 ;
  • Distribution du livre (format électronique ou papier50) ;
  • Consultation ;
  • Conservation.

Couramment, les étapes 3 et 4 sont regroupées sous l’appellation d’« édition ». Ces étapes communément désignées par le terme d’édition traduisent en réalité plusieurs moments, car une série de va-et-vient adviennent immanquablement entre le moment où le contenu est édité et le moment où celui-ci est mis en forme. En effet, durant l’étape de publication, des erreurs d’ordre typographique, orthographique, sémantique, etc., sont découvertes et doivent être corrigées, jusqu’à ce que cette tâche soit terminée ou que l’éditeur·trice décide d’y mettre un terme. De sorte que lors de la mise en forme, il est nécessaire de revenir à l’étape d’édition, pour finaliser la publication et entrer dans les étapes post-publication.

Cet exemple montre sans équivoque la réalité selon laquelle le processus de publication d’un livre n’est pas linéaire. Cette non-linéarité du processus éditorial amène l’idée de flux (ou workflow en anglais) ou de processus, plutôt que celle de chaîne51. L’analogie de la chaîne pour caractériser le flux éditorial reste effective, dans la mesure où chaque maillon est interdépendant. Elle renvoie cependant à un objet plutôt qu’à un sujet. Or, le flux éditorial est d’abord et avant tout un écosystème où les relations interpersonnelles sont centrales et qui s’organisent autour d’une publication à partager publiquement. Le terme de « chaîne » dénature, si l’on peut le dire, la dimension sociale de la réalité éditoriale, tout en mettant en évidence l’aspect technique du processus de publication.

Par ailleurs, cette confusion entre le moment d’édition et le moment de publication dans le terme édition n’est pas sans rappeler, comme le souligne dans son étude Caroline Dandurand, l’absence de mot dans la langue française pour qualifier « le rôle tenu par la structure dont l’activité consiste en la prise en charge des fonctions de publication »52. Ce rôle, elle le nomme « publieur »53, en référence à la distinction anglophone établie entre les fonctions d’editor et de publisher54.

Évidemment, l’étape de publication ne se limite pas qu’à la mise en forme du contenu, elle suppose des tâches d’ordre juridique, économique… Celles-ci sont anticipent et orientent les étapes post-publication. Puisque ces tâches orientent l’étape de publication, elles influencent le processus éditorial de la publication elle-même, du fait même que la mise en forme du livre est tributaire du contexte social, économique, technique ou encore politique, dans lequel le livre est élaboré. Bref, réfléchir le livre universitaire, ses aspects techniques et son ouverture, sans tenir compte des variables propres à son environnement, appauvrirait la présente étude, et ultimement, le livre universitaire en tant que tel.

L’apport de cette cartographie de l’édition universitaire confirme toute la complexité du processus de publication. Complexité qui repose sur la collaboration d’une pluralité d’acteur·trice·s. Cette collaboration entre les acteurs et actrices du livre intervient autant lors du moment de pré-publication que de post-publication. Néanmoins, l’état de l’art montre que les étapes post-publication ne sont pas suffisamment investies, au point pour certaines presses universitaires d’envisager la fin du cycle du livre une fois sa publication sur le marché. Or, le devenir du livre (universitaire ou non) commence une fois que sa publication est actée par le public. Il y a une « vie » au-delà de l’étape de publication, moment où le livre connait de nouveaux enjeux, dont celui de l’accessibilité et la visibilité55.

La cartographie des pratiques éditoriales a donc permis de mettre en évidence l’ensemble du flux éditorial. Ainsi, considérer le moment d’édition et de publication du livre comme le seul schéma valable, c’est potentiellement omettre quatre étapes ultérieures : la diffusion des métadonnées, la distribution du livre (au format électronique ou papier), la consultation56, et enfin, la conservation d’un exemplaire suivant sa forme de distribution57.

Cela dit, les huit étapes du processus de publication d’un livre évoquées précédemment annoncent implicitement la collaboration d’une pluralité d’acteurs. Les points de vue de ces différents acteurs sont irréductibles et s’interpénètrent, car ils doivent nécessairement co-exister pour garantir la qualité et la durabilité du livre. Le tableau suivant rend compte de l’ensemble des corps de métiers intervenant dans le processus éditorial :

Processus de publication

Acteur

Rédaction

Auteur, traducteur

Vérification

Relecteur, évaluateur, coordinateur, directeur de collection

Édition

Correcteur, secrétaire, éditeur

Publication

Maquettiste, iconographe, webdesigneur, imprimeur, relieur, publieur58

Diffusion

Diffuseur59, catalogueur, libraire, chargé de communication

Distribution

Distributeur, libraire

Consultation

Lecteur

Conservation

Conservateur, bibliothécaire, archiveur

In fine, un point de vue demeure durant tout le processus de publication : celui de l’éditeur. C’est l’éditeur qui coordonne l’ensemble du flux, le passage ou le retour d’une étape à une autre. Dans certains cas, il cumule plusieurs activités, de par ses compétences professionnelles, ou de par la nécessité que ces activités soient exécutées. Il n’est par exemple pas impossible qu’un éditeur soit à la fois correcteur, coordinateur et publieur. Le cumul des fonctions n’est pas rare, il dépend des ressources humaines, des ressources matérielles ainsi que du projet éditorial lui-même.

Cette mise en évidence montre l’aspect collaboratif et l’irréductibilité des points de vue dans tout le processus de publication. L’éditeur compose nécessairement avec d’autres corps de métiers pour l’aboutissement du livre. Cette réalité doit apparaître dans la suite logicielle choisie par AcOBE. En plus d’intégrer une variété de profils liés à une série d’actions possibles, la suite logicielle doit permettre plusieurs parcours utilisateurs, car les différents acteurs n’utiliseront pas nécessairement les mêmes fonctionnalités ni n’approcheront le livre en cours d’élaboration de la même manière.

Contribution des bibliothèques universitaires dans le processus de publication

En addition des entretiens avec les presses universitaires, une série de rencontres avec plusieurs acteur·trice·s des bibliothèques universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont été menées. Comme nous venons de le comprendre, l’intégration d’une presse universitaire au sein du département bibliothèque de son institution entraîne des effets positifs dans le processus éditorial : la logistique des presses universitaires est intégrée à celle de la bibliothèque, les éditeurs et éditrices sont à proximité d’autres corps de métiers (bibliothécaire, catalogueur, acquéreur, formateur, chargé d’accueil, informaticien…), une plus grande facilité à rencontrer le public et à organiser des événements… pour ne souligner que ceux-ci. Néanmoins, cette proximité éventuelle entre les bibliothèques et les presses dépend de l’organisation de l’espace au sein du campus. À titre d’exemple, les ÉUB sont intégrées à la DBIS sur le plan organisationnel, sans pour autant être intégrées spatialement dans l’une des bibliothèques de l’université.

Il ne sera pas question dans ce chapitre d’édifier un tableau synoptique sur la base des matériaux obtenus lors de ces rencontres, mais plutôt de souligner les aspects essentiels des bibliothèques universitaires de la FWB, en montrant leurs interactions avec les presses universitaires, et ce, au regard du processus de publication défini précédemment. L’écosystème du livre universitaire sera évoqué de manière non exhaustive. Comme pour les points précédents, les apports de la recherche documentaire seront présentés, ce qui nous permettra d’approfondir la discussion sur la place des bibliothèques universitaires dans le flux. Cela n’est pas sans rappeler le rôle des bibliothèques à l’origine du projet AcOBE.

Dans l’édition universitaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la bibliothèque universitaire intervient indirectement dès le moment de pré-publication d’un ouvrage. Cette contribution s’établit dès l’étape de rédaction, par l’accès physique et électronique aux publications scientifiques, par le support à l’enseignement et à la recherche60, ainsi que par l’aide à la recherche documentaire. Une bibliothèque est en ce sens une « une facilitatrice des connaissances »61. Cet appui des bibliothèques est aussi technique, grâce à la mise à disposition d’une série d’outils institutionnels (catalogue et base de données intra et extrauniversitaires, discovery tool, dépôt institutionnel, dépôt d’objets numérisés…), variant d’un contexte universitaire à l’autre. Ces multiples outils et services disponibles via les bibliothèques contribuent immanquablement à l’écriture scientifique et à l’élaboration de projets éditoriaux.

Les quatre étapes marquant la post-publication d’un ouvrage universitaire sont également prises en charge par les bibliothèques universitaires. Regardons ça de plus près.

Diffusion & Distribution

La diffusion et la distribution des publications scientifiques sont assurées par les bibliothèques universitaires. Pour la distribution papier des nouveaux ouvrages universitaires, un espace est prévu à cet effet, le plus souvent dans un comptoir à l’entrée de la bibliothèque ou dans une vitrine particulière. En parallèle, les catalogues universitaires sont susceptibles d’indiquer aux intéressé·e·s les publications disponibles dans les bibliothèques ou dans les bases de données privées auxquelles les bibliothèques sont abonnées62. Les dépôts institutionnels ont également leur place puisqu’en plus d’offrir des références de qualité, ils permettent l’exportation et le moissonnage des métadonnées vers d’autres plateformes de diffusion.

Avec les étapes de diffusion et de distribution prises en charge par la bibliothèque et ses réseaux, l’enjeu de la visibilité des publications scientifiques et celui de leur libre accès adviennent. Accroître la visibilité d’une publication, en dehors des techniques de ciblage marketing, est à mettre en lien avec la question de l’accessibilité. Dans le cadre du libre accès d’une publication scientifique, une publication visible, c’est une publication consultée. La dimension numérique d’une publication offre la possibilité de contrecarrer ce phénomène de fermeture, en s’appuyant notamment sur le paradigme de la science ouverte.

Si la possibilité pour une publication scientifique d’être visible dépend du fait qu’elle soit accessible, encore faut-il que cette accessibilité soit elle-même possible, c’est-à-dire que le livre soit d’une part disponible, d’autre part, en état d’être consulté. Cette double condition pose de sérieuses contraintes lorsque le livre est au format papier, a fortiori pour les livres anciens dont une consultation physique augmenterait le risque de dommages.

L’étape de consultation du livre, qui intervient après celle de distribution, repose donc sur la possibilité que le livre puisse être accessible, ce que le numérique est susceptible d’offrir au plus grand nombre, soit grâce à la publication nativement numérique, soit grâce à la numérisation au sein des bibliothèques universitaires compétentes. La question de publier numériquement une publication scientifique est alors indissociable de la question de la rendre visible et accessible.

Cet enjeu de visibilité et d’accessibilité a contribué à la mise en place d’alliances entre les universités et leurs bibliothèques63. Le consortium de bibliothèques universitaires en Fédération-Wallonie Bruxelles est la BICfB64. La BICfB émerge notamment dans le but de diminuer l’impact de l’augmentation du coût des abonnements aux ressources documentaires par les universités, essentiels à la communauté universitaire. Il y a là une mutualisation des ressources universitaires afin de réduire les coûts des Big Deals65. En contrepartie, cela accentue la dépendance des universités entre-elles. Cette mutualisation n’empêche d’ailleurs pas pour autant l’inflation du prix des abonnements66, qui ne cesse d’augmenter d’années en années au point de produire une situation oligopole67.

L’augmentation du prix des abonnements ne doit pas être confondue avec le coût de publication exigé par ces entreprises, qui ne possèdent dans certains cas aucune compétence éditoriale fondamentale pour éditer un article ou un livre scientifique. Il s’agit des Book Processing Charges (BPC) pour les livres, et des Article Processing Charges (BPC) pour les articles. L’initiative OpenAPC a d’ailleurs vu le jour en 2014 dans le but de collecter et de diffuser les coûts des articles et des livres publiés en libre accès par les éditeurs privés68.

Cette augmentation exponentielle du prix des abonnements et des frais de publication en libre accès69 a obligé les institutions universitaires à trouver des solutions, notamment en développant leur propre infrastructure et plateforme, à l’image des dépôts de publication. Les répertoires institutionnels, comme les dépôts d’objets numériques par exemple, sont des exemples notables au sein des différentes universités belges francophones. Ces dépôts sont aujourd’hui des outils incontournables pour la communauté universitaire. Ils contribuent au libre accès des publications scientifiques dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et corrélativement, à une certaine indépendance des institutions publiques face au mercantilisme des éditeurs privés.

Cependant, nous l’avons vu lors de l’état de l’art des pratiques éditoriales, une certaine incompréhension autour de ce qu’est le libre accès demeure au sein des institutions et de leurs plateformes. Une des recommandations serait d’améliorer la compréhension du libre accès, en indiquant par exemple la différence entre l’accès à la table des matières ou à la quatrième de couverture et le libre accès à l’entièreté de la publication et de ses métadonnées. Les recommandations internationales sont limpides à propos du libre accès : le libre accès d’une publication concerne autant les métadonnées que le contenu et non pas seulement les quelques pages sélectionnées par l’auteur·trice afin d’attirer de nouveaux prospects70.

Consultation

L’étape de consultation est également assurée par les bibliothèques universitaires. La question du prêt d’exemplaires est évidemment centrale, puisque le prêt a pour tâche de répondre au besoin des usagers d’emprunter une publication sur une certaine durée (renouvelable suivant la politique de l’établissement). Ce service existe aussi entre des bibliothèques universitaires, qu’elles soient belges ou étrangères71.

Une différence se note toutefois entre la consultation papier et la consultation électronique. Puisque le nombre d’exemplaires d’ouvrages imprimés est faible, la consultation d’un même ouvrage par plusieurs usagers est limitée. Cette limite se vérifie aussi par rapport aux actions possibles lors de la consultation du livre. Lorsque la consultation s’effectue à partir d’un ouvrage papier, le lecteur ne peut par exemple pas annoter le livre, sous peine d’amende. Il le pourra cependant si la consultation est électronique, via l’extension de navigateur hypothes.is72, par exemple.

Par la distribution électronique d’une publication, le numérique répond donc au problème de consultation73 de plusieurs usagers sur une même source documentaire. L’étape de consultation nécessite une plateforme de distribution où le document est accessible directement, soit au format web, soit dans un format permettant la consultation dans un logiciel de visualisation ou sur un terminal mobile (pdf ou ePub essentiellement).

Conservation

La dernière étape du processus éditorial, celle de la conservation, est une préoccupation majeure pour les bibliothèques universitaires. En plus du rôle de médiation, elle participe à la conservation de la documentation scientifique74, ce qui place également la bibliothèque universitaire à la fin du flux éditorial.

Concrètement, l’enjeu a été de trouver des solutions liées à la conservation des ouvrages imprimés, anciens ou récents. Aujourd’hui, cette question se pose pour les ouvrages nativement numériques. En Belgique, le dépôt de publications numériques n’est pas obligatoire, mais volontaire, dans l’attente de la mise en vigueur d’un arrêté royal de la loi du 8 juillet 201875. Le format n’est pas précisé. Logiquement, il est attendu que la préservation d’une publication numérique scientifique s’effectue par l’intermédiaire du format pdf, en quelque sorte standard au sein des procédés universitaires et dans les répertoires institutionnels. Toutefois, la discussion est ouverte, en tout cas dans le contexte anglais76. Dans le cadre du single source publishing, suivant les préférences des plateformes ou des éditeurs, le xml ou l’html sera préconisé.

Cet enjeu est considérable, car nombreuses sont les éditions qui, une fois épuisées, ne sont plus imprimées. La raison est généralement technologique. Le plus souvent, les fichiers sources du livre ne sont plus consultables, soit parce que le logiciel dans lequel le livre a été élaboré n’est plus maintenu (de sorte que le moindre bug empêche toute consultation, et fortiori toute modification), soit parce que le logiciel est propriétaire, ce qui empêche le transfert dans un autre logiciel, soit parce que le logiciel a été mis à jour et que cette mise à jour ne prend plus en charge les versions antérieures. Il n’est pas exclu que ces raisons soient couplées, comme c’est le cas avec QuarkXPress ou Adobe InDesign.

Plusieurs éditeurs interrogés dans le cadre d’AcOBE ont souligné ce phénomène, empêchant la réédition de nombreux ouvrages imprimés. La solution étant la numérisation, mais encore faut-il que cette possibilité en soit une d’une part, et, d’autre part, que l’océrisation77 soit de qualité pour que les lecteurs puissent traiter le texte (par exemple, être en mesure d’utiliser la fonction recherche). Par ailleurs, avec l’impression à la demande, ces anciens ouvrages imprimés sont susceptibles de prolonger leur vie dans le marché78. Encore faut-il conserver les fichiers source du livre. Cet enjeu de réédition des ouvrages conservés est pris en compte par AcOBE, comme nous le verrons lors du moment technologique.

Bibliothèque universitaire, presse universitaire et science ouverte

Un stéréotype qui peine à se dissiper est celui d’une bibliothèque comme la somme de tous ses livres. À la question qu’est-ce qu’une bibliothèque ?, le directeur de la bibliothèque universitaire de Caroline du Sud, David Lankes nous répond que la bibliothèque n’est pas un édifice rempli de livres, mais un lieu de rencontres et de savoir, permettant aux citoyens d’apprendre, de résoudre des problèmes et de tisser des liens avec leur communauté. Le livre devient le point de départ d’un enjeu sociétal d’une communauté située79.

Dans cette perspective, envisager la bibliothèque universitaire comme un lieu de savoir et d’échange dépasse de toute évidence le stéréotype que le grand public pourrait s’en faire. Pourtant, il n’y a là rien de neuf. Déjà durant l’Antiquité, la bibliothèque d’Alexandrie a été construite avec des colonnades et des salles afin de maximiser les interactions et les discussions entre les érudits80.

Intégrée à une bibliothèque, institutionnellement ou spatialement, la presse universitaire n’échappe pas à cette perspective dialogique. Cela permet d’intégrer le livre universitaire dans un écosystème global, qui est celui d’un accès et d’un partage de la connaissance au sein d’un lieu donné. En un certain sens, le livre est en tant que tel ce qui manifeste cette partageabilité du savoir, dans la mesure où l’auteur partage ce qu’il prétend connaître à un public donné. Savoir et partage sont intrinsèques à la publication scientifique, quelle qu’en soit sa forme.

Dans l’écosystème du livre, là où la presse universitaire offre un support éditorial, la bibliothèque universitaire offre une aide documentaire et un support technique sur une variété de publications et d’œuvres produites dans l’enseignement supérieur. Cet appui technique touche les presses, indépendamment du fait qu’elles soient intégrées ou non à la bibliothèque, puisqu’elles font toutes les deux parties de la communauté universitaire et qu’elles collaborent avec des mêmes acteurs et actrices du livre.

Pourtant, même pour les presses intégrées dans la bibliothèque de leur université, les interactions entre ces deux services restent globalement minces. L’interaction se situe essentiellement au niveau de la diffusion et de la distribution des ouvrages récemment publiés. Pour celles qui sont intégrées, d’autres interactions sont à souligner. Par exemple, l’intégration des ÉUB dans la DBIS a permis d’ouvrir le catalogue aux ouvrages imprimés numérisés et d’obtenir une aide logicielle quant aux problèmes liés aux droits d’auteur. Autre exemple, la mise en place de la plateforme PoPuPS par ULiège Library a permis le libre accès de 28 revues81. Même constat à l’UCLouvain avec sa plateforme de distribution OJS et ses 23 revues82. Comme nous le verrons au point suivant, ce sont de prime abord les revues qui sont le plus concernées par la problématique de la science ouverte.

Finalement, il apparaît immanquable que la publication scientifique reste globalement « enfermée » dans le milieu universitaire, même si les usagers externes peuvent profiter d’un accès à la bibliothèque à moindre coût83. De surcroît, l’état de l’art des pratiques éditoriales dans les universités de la FWB le montré, la dimension communicationnelle est grandement désinvestie par les presses universitaire. La publication des livres universitaires est essentiellement tributaire des réseaux de leurs auteur·trice·s et de la mise à disposition du livre sur les plateformes de diffusion et/ou de distribution intra et extrauniversitaires. Or, les bibliothèques universitaires pourraient être un relais important pour la visibilisation des nouvelles productions universitaires dans la sphère publique.

Les bibliothèques universitaires en contexte belge francophone sont des lieux où plusieurs métiers se rencontrent et collaborent. C’est aussi le lieu où la science naît, s’écrit, est diffusée, distribuée, consultée et conservée. Elles participent grandement à la durabilité de la science dans nos institutions universitaires et auprès des citoyens. La bibliothèque universitaire a pleinement sa place dans le développement de la science ouverte84, elle a un role à jouer dans la médiation scientifique, autant avec sa communauté qu’avec le plus grand nombre85. Cette médiation entre les différentes communautés repose sur le partage d’expertise et la possibilité de co-construire de nouvelles plateformes et pratiques, et de former de nouveaux usagers. De nouvelles collaborations entre bibliothèques universitaires, presses universitaires et acteurs et actrices de la science ouverte seront indispensables pour affronter les enjeux actuels et futurs, à commencer par celui de la science ouverte.

Influence du périodique scientifique

Avant d’en arriver à la partie consacrée à la science ouverte et au moment technologique du projet AcOBE, effectuons un détour au sein de l’écosystème des périodiques scientifiques et de son influence sur celui du livre universitaire. En matière de science ouverte, la question des revues scientifiques est présente dans le droit de la Communauté Française de Belgique, puisqu’elle est l’objet du décret Open Access de 201886. Ce cadre légal peut servir de point de repère pour les acteurs du livre universitaire en Fédération Wallonie-Bruxelles, donc pour AcOBE également.

Dans le chapitre précédent, nous avons brièvement mentionné le coût d’accès aux publications scientifiques des groupes éditoriaux privés. Il y a lieu d’y revenir dans le contexte du périodique scientifique, d’autant plus avec les récents face-à-face entre le monde scientifique et les éditeurs privés87 qui ont, pour certaines maisons d’édition européennes, entraîné une logique de No Deal88. Ce conflit n’est pas nouveau. C’est d’ailleurs ce qui a poussé certains acteurs de l’écosystème périodique à s’organiser et à se fédérer autour de développements technologiques, aujourd’hui incontournables. Cet écosystème particulier offre une série de réflexions sur les façons d’envisager la mise en place durable d’AcOBE, notamment par rapport à la question de l’infrastructure éditoriale.

Un bref rappel historique s’impose. Le libre accès des articles de revues scientifiques a suscité un vif intérêt dès les années nonante89. Cet intérêt pour l’ouverture de la science naît de l’accès limité aux revues scientifiques, compte tenu du coût budgétaire que cet accès engendrait90. Une série d’initiatives ont vu le jour, notamment la mise en place d’archives ouvertes disciplinaires, à commencer par arXiv en 1991, et de protocoles communs facilitant la diffusion et la distribution des publications scientifiques (Open Archive Initiative en 1999)91, essentiels pour le moissonnage (harvesting) des métadonnées par exemple.

En 2001, l’association Creative Commons émerge et propose une solution légale alternative aux auteur·trice·s afin que les lecteur·trice·s obtiennent des libertés supplémentaires en matière de partage et de réutilisation (libertés que le cadre national légal sur la propriété intellectuelle ne prévoit pas ou ne permet tout simplement pas).

Le mouvement du libre accès passera un cap une fois que la Budapest Open Access Initiative (BOAI) est votée en 200292 et la Déclaration de Berlin sur le libre accès93 en 2003. Ces deux engagements visent à favoriser l’accès libre à la production scientifique, quelle qu’elle soit, et préconise leur dépôt dans des archives électroniques ouvertes. Dans le contexte belge francophone, cela donnera lieu à la Déclaration de Bruxelles sur le libre accès (2007)94, à la mise en place des dépôts institutionnels (2008)95, et plus récemment, aux dataverses, c’est-à-dire des répertoires permettant la préservation, le partage, la citation, la recherche ainsi que l’analyse des donnés de recherche96. D’autres initiatives et concepts ont depuis vu le jour, et nous aurons l’occasion de les présenter durant la partie sur la science ouverte.

En tout cas, ce que nous retenons, c’est que les groupes éditoriaux privés cherchent surtout à prendre en charge les étapes de diffusion et de distribution, c’est-à-dire les principales étapes liées à la visibilité et à l’accessibilité d’une publication scientifique. De sorte que les fonds publics qui financent la recherches universitaire, les résultats de celles-ci se retrouvent privatisées dans des structures et plateformes fermées qui, soit ferment l’accès aux publications scientifiques moyennant un coût, soit exigent de l’auteur (ou de l’éditeur) de payer des frais (APC ou BPC) pour que la publication soit disponible en libre accès. Pour contrer ce phénomène, les éditeurs des revues ainsi que de nombreux organismes publics se sont réappropriés l’ensemble du processus éditorial.

Dans le paysage francophone, les initiatives liées au libre accès des revues scientifiques ne manquent pas et marquent, de surcroît, une diversité riche. Par exemple, le portail de revues scientifiques OpenEdition Journals voit le jour en 1999 sous le nom de revues.org97 et le portail Persée est lancé en 200598. D’autres initiatives actuelles pour ce type de publications existent. Rien qu’en France, mentionnons par exemple Episciences, Prairial, Pergola, Paréo, Open UBordeaux, Polen, Péren, Préo ou encore Centre Mersenne et EDP Sciences pour le STM… . Sans oublier évidemment les agrégateurs comme Isodore ou Mir@bel. Au niveau international, nombreuses sont les bases de données disponibles. Les plus connues étant l’Open Library of Humanities, Project Muse, SHERPA/RoMEO ou encore SciELO99, pour ne citer qu’eux.

Ce que nous apprend ce rapide tour d’horizon, c’est la place qu’occupe les infrastructures de revues, à commencer par les pépinières. Les pépinières de revue ont plusieurs objectifs, suivant les besoins des éditeurs de revue en leur sein. Elles permettent de maintenir les revues scientifique au format électronique, de leur offrir un support technique et éditorial, de les informer des nouveaux standards et des nouvelles recommandations liées à la publication scientifique, et, enfin, de les accompagner vers l’édition ouverte100.

En Belgique, une initiative de ce type existe à l’ULiège, avec la plateforme PoPuPS101. PoPuPS héberge essentiellement des revues de son université, mais pas seulement102. Conforme à l’idée d’aider les éditeurs de revues d’améliorer leurs pratiques et leurs exigences, une importante documentation est mise à leur disposition103. Elle fait d’ailleurs partie du réseau REPÈRES104. Autre initiative de ce type en Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est la plateforme OJS de l’UCLouvain. Elle regroupe 23 revues en libre accès105. Notons au passage qu’en janvier 2023, le réseau belge francophone des revues en libre accès « Reliade » a été annoncé106.

Au niveau du domaine du livre universitaire, peu d’infrastructures éditoriales sont à présenter. Plusieurs études européennes réfléchissent la question des infrastructures éditoriales de livres à l’aune de la science ouverte. Cette question est prise en charge dans les dernières parties de notre étude, lors des modèles économiques et des recommandations finales.

L’influence des pratiques relatives aux revues scientifiques sur l’édition de livres est également visible au niveau de la technologie. En effet, c’est le logiciel Lodel qui est préconisé par OpenEdition, autant pour les éditeurs de revues que les éditeurs de livres. Cet état de fait technologique montre qu’une logique d’articles prévaut sur la logique du livre, puisque le livre, dans la perspective de Lodel, n’est que la somme de ses chapitres.

C’est également la logique qui prévaut au sein d’Érudit107, mais aussi pour l’éditeur de texte scientifique Stylo108. Développé par la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques, Stylo vise à démontrer que d’autres solutions pour la rédaction sont disponibles. Cet outil cherche aussi à souligner l’enjeu de la visibilité de la publication aux chercheur·euse·s, par exemple par le biais de métadonnées qui doivent être introduites par l’auteur·trice dès le moment de rédaction. La question de la visibilité de la publication scientifique est ainsi considérée dès le moment d’écriture.

Ces exemples marquent l’assurance d’une prégnance de la logique éditoriale propres aux articles scientifiques au sein du processus éditorial de livres numériques universitaires. Elles ne peuvent donc être exclue du périmètre du projet AcOBE et doivent être gardées à l’esprit tout le long de l’étude.

Plus récemment, un plan d’action pour le libre accès diamant des articles scientifiques a été publié par plusieurs organismes (Science Europe, cOAlition S, OPERAS et l’ANR)109. La voie d’accès diamant repose sur des infrastructures publiques ou non-commerciales qui mettent à disposition des publications scientifiques librement accessibles, sous forme numérique, et sans qu’une réutilisation commerciale soit possible et sans frais (APC pour les auteurs).

Ce plan d’action souligne l’importance de la transparence dans la gouvernance et la nécessité pour les structures éditoriales de clarifier leurs statuts, notamment afin de garantir leur durabilité (sustainability), mais aussi pour éviter qu’elles soient ultimement absorbées par d’autres groupes éditoriaux d’intérêts privés110. Malgré l’intérêt accru d’AcOBE pour la pertinence de cette initiative, nous déplorons le manque de recommandations pour le domaine du livre.

Pour en revenir plus spécifiquement au projet AcOBE, il apparaît que, suite aux entretiens avec les éditeur-trice-s, les presses universitaires de la FWB ont une interaction directe limitée avec l’écosystème des revues scientifiques érigées au sein de leur université. Une autonomie importante est attestée, voire pour certaines une indépendante totale des revues au regard des presses universitaires. Jetons-y un œil.

Tableau des interactions entre les presses universitaires et les revues universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Presse

Revue universitaire

PUN

Suite à la restructuration de 2019, le travail administratif et éditorial est devenu substantiel, ce qui les ont obligés à arrêter.

PUL (ULiège)

12 revues sont éditées en SHS111. Notons que la notion de revue est tributaire du concept de livre étant donné que chaque nouvelle publication est considérée comme une nouvelle unité d’une collection. C’est ce qui explique pourquoi certains nouveaux numéros possèdent un ISBN, conjointement à l’ISSN et au DOI de chaque article. Quelques revues sont disponibles en libre accès sur PoPuPS (MethIS et Fédéralisme Régionalisme) ou OpenEdition Journals (Signata), par exemple.

PUL (UCLouvain)

9 revues sont présentes sur le site des PUL et dont leurs numéros peuvent être achetés au format papier ou électronique via i6doc. Sur l’OJS de l’UCLouvain, ce sont 23 revues qui sont disponibles en libre accès, dont la politique de distribution varie, tantôt dès la parution, tantôt avec une barrière mobile d’une durée variable.

PUSL-B

Seule la présence des revues et des nouveaux numéros sur le site des PUSL atteste d’une interaction directe. Il n’en reste plus que trois (Phantasia, C@hiers du CRHIDI et RIEJ), dont les deux premières sont accessibles en libre accès sur PoPuPS.

ÉUB

3 revues sont éditées (Problèmes d’histoire des religions, Sextant et Études sur le XVIIIe siècle) tous les anciens numéros sont disponibles en libre accès sur la digithèque de l’ULB. Par contre, là où les derniers numéros de la revue Sextant sont disponibles en libre accès sur OEJ, PHR et Études sur le XVIIIe siècle sont déposées sur la plateforme OAPEN, après une période d’embargo d’un an.

Ce tableau récapitulatif des interactions entre les presses et les revues universitaires de la FWB révèlent plusieurs éléments :

  • La question de la science ouverte débute avec celle du libre accès ;
  • Le libre accès des numéros est un enjeu manifeste dans la quasi totalité des presses universitaires (hormis les PUN) ;
  • Le libre accès n’est pas systématiquement immédiat, une barrière mobile est appliquée selon les cas ;
  • Les éditeurs de revues scientifiques agissent de façon indépendante et choisissent eux-mêmes de travailler avec d’autres infrastructures, qu’elles soient internes ou externes à l’université au sein de laquelle les revues est originaire ;
  • Plusieurs revues éditées par les PULiège sont assimilées à des livres, considérant alors chaque nouveau numéro comme la nouvelle unité d’une série. Cela coïncide avec certaines observations mentionnées au préalable (Lodel, Érudit, Stylo…) ;
  • Les bibliothèques universitaires sont présentes dans ce récapitulatif : soit comme source d’hébergement des contenus (digithèque de l’ULB), soit comme acteur dans la publication des revues scientifiques (PoPuPS de l’ULiège et la plateforme OJS de l’UCLouvain), soit comme relai d’information des nouveautés intra muros.

Ces éléments montrent une hétéronomie des presses universitaires au regard de la publication de périodiques scientifiques. Déjà, parce que depuis le décret de la Communauté Française voté en 2018, les universités de la FWB sont obligées d’établir une politique de libre accès vis-à-vis des articles que leurs chercheur·euse·s publient. Ensuite, car les presses universitaires délèguent certaines étapes du processus éditorial (essentiellement la diffusion et la distribution), soit parce que certaines compétences sont présentes dans d’autres départements de l’université dont les presses sont rattachées, soit parce que des infrastructures sont déjà établies dans le paysage de l’édition numérique universitaire. Enfin, ce sont les dépôts institutionnels112 qui permettent de saisir l’ampleur du libre accès dans les universités de la FWB. En effet, les espaces de diffusion et de distribution des revues sur les sites de presses ne mettent que rarement en évidence les moyens d’accès à ses contenus.

Cet état des lieux des interactions entre les revues et les presses universitaire renforce l’idée déjà mise en évidence par AcOBE, celle de consolider et de renforcer les liens existants entre les départements universitaires, mais aussi de clarifier davantage les pratiques propres à chaque université afin d’assurer une plus grande part de visibilité quant à leurs initiatives internes et ainsi de permettre au public d’être au courant de ce qui leur est accessible.

Critères fondamentaux pour une édition universitaire ouverte d’après AcOBE

En parallèle à ces différentes considérations et conclusions mises en évidence durant cet état de l’art des pratiques éditoriales, une série de critères considérés comme fondamentaux ont été mis en évidence sur la base des entretiens avec les éditeur·trice·s des presses universitaires belges et étrangères, de la littérature scientifique, et enfin, du Comité de pilotage. Ces critères sont au nombre de cinq et serviront de balises permettant de tester et d’analyser les solutions technologiques (étape 2) susceptibles de répondre au but poursuivi par le projet AcOBE.

Les critères fondamentaux sont les suivants : 1) la publication à source unique, 2) la qualité éditoriale, 3) la collaboration et le perspectivisme, 4) l’ouverture de bout en bout, et enfin, 5) la logique d’intégration, dernier critère propre à AcOBE.

Publication à source unique

L’enjeu de la publication à source unique n’est pas nouveau, il existe déjà depuis les années nonante113. Sa nouveauté réside dans le contexte au sein duquel il émerge, qui n’est nul autre que celui de l’édition ouverte. La publication à source unique (ou single source publishing en anglais) consiste à publier un document dans plusieurs formats à partir d’une source unique. Dans certains cas, cette forme de publication s’effectue à partir d’un seul et unique fichier. Dans d’autres, le procédé est réalisé à partir de plusieurs fichiers qui sont combinés et convertis pour n’en produire qu’un seul114. Dans les deux cas, l’enjeu est que l’éditeur ait le choix de plusieurs outputs possibles, et ainsi satisfaire une plus large demande, nécessairement plurielle compte tenu des différents supports de visualisation. Même si le public cible des presses universitaires est restreint, cela ne disqualifie pas la pluralité des usages. La multiplicité des formats de sortie à partir d’une source unique répond donc à ce problème, ou du moins, en grande partie, en visant les usages du plus grand nombre.

Un exemple de cette deuxième forme (une source à fichiers multiples pour une publication dans un format spécifique) : à partir d’un fichier html115 et d’un fichier css116 associé (tous deux des formats ouverts), un fichier pdf est exporté, moyennant l’aide d’une bibliothèque javascript117, telle que paged.js118, qui transforme le document flux en un document paginé. Il est à ce moment-là question d’un web2print (web to print, ou littéralement du web à l’impression en français)119 ou d’html2print120, à savoir la conversion d’un document web structuré avec le langage de balisage html dans le but de produire une version pdf destinée au print. Bref, avec l’outil additionnel adéquat, d’une page web, nous obtenons un pdf destiné à l’impression de la publication au format papier.

Puisque la publication à source unique ouvre la voie à de multiples formats de sortie, le web2print est une possibilité parmi d’autres. Arthur Perret a démontré qu’une publication multiformats avec Pandoc et Make, deux logiciels libres, était également possible121.

Cette pratique de la publication à source unique permet par ailleurs de lutter contre l’obsolescence des logiciels propriétaires, via l’édition basée sur des formats ouverts durables, html et css, et garantit ainsi l’accessibilité du livre, même si son lectorat est faible. Couplé à l’impression à la demande, le livre reposant sur la logique de la publication à source unique devient théoriquement inépuisable.

La qualité du processus de publication

La qualité du processus éditorial est fondamentale pour les presses universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles, autant que pour les éditeurs étrangers, qu’ils soient issus de la sphère publique ou privée. Pourtant, rares sont les propositions de rationalisation à ce sujet. C’est ce qui a motivé la cartographie de l’édition universitaire (1.4).

La plateforme d’édition et de publication doit tenir compte d’un maximum d’étapes éditoriales possibles, tout en garantissant les spécificités de celles-ci. Par exemple, si l’étape de vérification est prévue, il est nécessaire que les règles relatives au processus d’évaluation par les pairs soit respecté. La qualité éditoriale repose aussi sur le respect des règles d’écriture et d’évaluation propre au champ scientifique. Sans quoi la technologie viendrait alors amoindrir la plus-value de l’édition universitaire. Il est essentiel que la technologie joue le rôle de garante de la qualité éditoriale.

Rappelons les huit étapes en question122 :

  • Rédaction du manuscrit ;
  • Vérification du contenu ;
  • Édition du manuscrit validé par les pairs ;
  • Publication du livre ;
  • Diffusion des métadonnées ;
  • Distribution du livre (format électronique et papier) ;
  • Consultation ;
  • Conservation.

Ce vocabulaire du processus éditorial permet d’établir des catégories d’ensemble en vue du moment technologique d’AcOBE.

Soulignons, enfin, que la qualité éditoriale passe aussi par la qualité graphique. En effet, nombreux designers soulignent cette homogénéisation de la mise en forme des publications scientifiques123. AcOBE devra donc nécessairement proposer une solution pour la mise en page, lors de l’étape de la publication, afin qu’une identité graphique puisse être définie (ou reproduite), si besoin, pour chacune des presses universitaires.

Collaboration et perspectivisme

L’aspect collaboratif du processus éditorial du livre est inévitable autant qu’indispensable. Il apparaît donc essentiel que la collaboration soit l’une des logiques fondamentales de la plateforme préconisée par AcOBE. Toutefois, la collaboration en tant que telle ne suffit pas. L’enjeu du perspectivisme est corrélatif à celui de la collaboration. Le perspectivisme valorise la pluralité des points de vue dans le processus éditorial. Un livre universitaire n’est jamais une seule et unique vision, c’est la co-construction d’un objet éditorial de qualité par de multiples acteurs et actrices qui ont leur vision et leur pratique permettant de contribuer à son élaboration finale.

Élaborer un livre numérique universitaire sur la base d’une suite logicielle, c’est par conséquent, dans la perspective d’AcOBE, valoriser plusieurs rôles et plusieurs actions possibles relatifs à ces différents rôles. Ainsi, le comportement de l’éditeur·trice, ne sera ni celui de l’auteur·trice ni celui de l’informaticien·ne ou du lecteur·trice. Au sein d’un même lieu, la plateforme, plusieurs cheminements existent et rendent possible une collaboration basée sur la co-construction, en vue de l’élaboration de livres universitaires numériques ouverts.

Ouverture fondamentale (format, fichier, plateforme, processus)

Nous l’avons souligné dès le départ de notre étude, le troisième article de l’arrêté du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles octroyant le financement du projet AcOBE est explicite quant à la dimension ouverte du projet : l’ouverture concerne l’entièreté du processus de publication universitaire. Ce sont donc autant les formats des fichiers, les fichiers, les logiciels, le processus, que le produit final qui sont concernés par la dimension ouverte.

Pour rappel, l’état de l’art des pratiques éditoriales dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles a mis en évidence la pluralité des solutions technologiques, ouvertes ou non, dans le fonctionnement des presses universitaires. Au sein du processus d’édition des presses universitaires de la Belgique francophone, il y a donc plusieurs outils qui sont utilisées et maîtrisées par les éditeurs, et ce, même si certaines étapes sont externalisées. Cette maîtrise des technologies d’édition et de publication, qu’elle soit encore internalisée au sein des presses, ou externalisées à des prestataires, fait partie du processus éditorial.

Toutefois, cette maîtrise technologique doit être relativisée : il y a bien une maîtrise des usages des logiciels pour l’édition universitaire, mais il n’y a certainement pas une maîtrise du logiciel en tant que tel. En effet, chaque logiciel d’édition conditionne l’écriture. Ce conditionnement par les logiciels utilisés est unilatéral et inévitable dans la mesure où ils sont propriétaires. L’usager n’a donc à aucun moment la main sur les logiciels qu’il utilise pour l’édition. C’est l’usager qui s’adapte au logiciel par nature fermée, a contrario d’un logiciel ouvert qui est susceptible d’être adapté aux besoins de ses usagers.

Cet état de fait explique les autres adjectifs donnés au logiciel propriétaire : « fermé » et « privateur ». L’opacité de son fonctionnement réel prive l’utilisateur de libertés, en particulier celle d’adapter le logiciel à ses besoins, donc d’avoir la main mise sur son environnement de travail124. Cette logique privatrice empêche que les utilisateurs deviennent contributeur du logiciel, et ainsi de l’affiner selon les besoins propres liés à son entreprise d’édition de livres universitaires. Cette logique expliquerait l’incommensurabilité des fonctionnalités de Microsoft Word et d’Adobe InDesign. En réalité, seule une poignée de ces fonctionnalités demeure utile et utilisée.

Pourtant, la complexité de développer une plateforme d’édition ouverte nécessite une ouverture significative, propice aux partages et aux contributions. En d’autres mots, un outil pour les acteurs du milieu de l’édition co-construit par les acteurs eux-mêmes, avec la possibilité d’intégrer des extensions, à l’image des plugiciels125, afin d’adapter le noyau de base aux besoins qui sont spécifiques à la communauté. Ainsi, à une offre globale et globalisée, répond une offre spécifique et adaptée aux besoins de l’utilisateur-éditeur. De nombreuses initiatives l’ont compris, et c’est ce qui a permis de mettre en évidence vingt-trois solutions technologiques, pour la grande majorité ouverte. Nous y reviendrons dans la partie 3.

Notons, pour terminer ce point, que la logique d’ouverture sur laquelle le projet AcOBE se fonde ne disqualifie ni le processus éditorial actuel, ni les logiciels propriétaires. La présence de ces logiciels dans une pluralité de presses, qu’elles soient belges ou étrangères, montrent l’efficacité que ces technologies apportent. En revanche, AcOBE cherche à démontrer qu’une autre voie est possible, que d’autres logiciels, ouverts, peuvent être utilisés et maîtrisés pour produire des livres universitaires de qualité professionnelle, au même titre que les logiciels propriétaires. La solution éditoriale qu’essaie d’apporter AcOBE est dès lors complémentaire.

Cette solution ouverte pour éditer des livres universitaires repose sur une logique différente, où les utilisateurs sont au clair quant aux façons dont les logiciels utilisés fonctionnent, quant à leur gouvernance, leur objectif, etc. Il y a bien deux logiques distinctes dans l’édition scientifique, une fermée et une ouverte, tributaire d’une vision et de façons de procéder distinctes elles aussi. Mais, dans la mesure où l’édition universitaire en Belgique francophone est publique, il apparaît important de rendre les conditions de possibilité de la production d’un livre universitaire publiques également. Car, en montrant davantage ce qu’est la réalité éditoriale, nous donnons la possibilité de la discuter, d’améliorer certains états de fait, et de contribuer à un environnement commun et compréhensible, au sein duquel l’ensemble des points de vue sont valorisés, peuvent entrer en dialogue, voire collaborer sur des projets communs.

Logique d’intégration de technologies

Enfin, le dernier critère fondamental du projet AcOBE est l’intégration des technologies. Les recherches, analyses et tests ont démontré la pertinence de ce critère. Premièrement, parce que pour un projet d’une durée réduite, ne pas appliquer ce critère ouvrirait la voie au développement. Choix problématique, car la logique de développement entraînerait l’informaticien·ne dans une boucle potentiellement infinie compte tenu de la complexité de traduire dans un logiciel toutes les spécificités des pratiques éditoriales des presses universitaires belges francophones. Deuxièmement, la logique d’intégration permet de travailler à partir de solutions technologiques existantes, et de les penser à travers un prisme d’interdépendance et de complémentarité, plutôt que de chercher la solution parfaite. Le processus éditorial actuel et les recherches ont montré qu’une solution de ce type n’existait pas.

De plus, le point précédent (« collaboration et perspectivisme ») suggère la nécessité d’intégrer plusieurs points de vue à travers plusieurs parcours utilisateurs possibles. La logique d’intégration permet d’y répondre. Par exemple, intégrer un plugiciel pour les équations mathématiques, permet à l’auteur et au correcteur d’accroître les possibilités liées à l’écriture scientifique. Cet ajout n’intéresse a priori que ces acteurs-là du processus éditorial. Autre exemple, le fait d’intégrer un plugiciel pour la publication n’intéresse effectivement que l’éditeur et le publieur. Une solution technologique nativement inscrite dans une logique d’intégration coïnciderait avec ce cinquième critère posé par le comité de pilotage du projet AcOBE, et contribue à l’élargissement de l’horizon des solutions technologiques possibles pour éditer et publier des livres universitaires.

Dans l’éventualité où aucune solution intégralement ouverte n’est possible, le comité de pilotage du projet AcOBE s’est réservé le droit d’envisager un élément fermé si et seulement si les solutions disponibles ne permettaient pas d’atteindre le but poursuivi.

11 Les Éditions d’UMons ne font pas partie de l’échantillon de l’analyse. Plusieurs contacts ont été initiés, mais aucune réponse n’a été donnée. D’après la Banque-Carrefour des Entreprises de Belgique, les éditions montoises n’existent que depuis le 1er octobre 2022. Cf. https://kbopub.economie.fgov.be/kbopub/toonvestigingps.html?vestigingsnummer=2336730196. Au moment du projet, elles étaient donc en train de se fédérer.
12 Microsoft Teams, Google Meet et Zoom sont les trois outils de visioconférence utilisés lors des échanges en distanciel entre le chargé de mission et les éditeurs. La prégnance d’outils propriétaires dans la communication interuniversitaire en Belgique francophone est incontestable.
13 La liste de toutes les abréviations présentes se trouve en fin de document.
14 J. Dufrasne, Les enjeux éco-responsables dans les pratiques éditoriales des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 11èmes Journées Médici, 28 juin 2023, Liège (Belgique), https://hdl.handle.net/2268/306040.
15 https://pressesuniversitairesdeliege.be/publications/agronomie-gembloux/
16 https://uclouvain.be/fr/decouvrir/presse/actualites/fusion-l-uclouvain-et-saint-louis-se-rejouissent-du-vote-positif-du-parlement.html
17 Nous y reviendrons dans la partie consacrée à la contribution des bibliothèques universitaires dans le processus de publication (1.5).
18 Par exemple : Charles Watkinson, « From Collaboration to Integration: University Presses and Libraries » dans M. Bonn & M. Furlough, Getting the Word Out: Academic Libraries as Scholarly Publishers, Chicago: Association of College and Research Libraries, 2015, https://hdl.handle.net/2027.42/113231 ; Richard W. Clement, « Library and University Press Integration: A New Vision for University Publishing », Journal of Library Administration, 51, 5-6, pp. 507-528, https://doi.org/10.1080/01930826.2011.589330.
19 Par exemple, les Presses Universitaires de Bruxelles (PUB) sont installées sur le campus du Solboch de l’ULB. Les PUB sont une ASBL créée en 1958 par les cercles étudiants de l’université et l’Union des Anciens étudiants. Elles valorisent notamment le catalogue des ÉUB. Les PUB ne doivent donc pas être confondues avec les ÉUB qui éditent, publient et diffusent des publications universitaires, a contrario des PUB qui les distribuent via leur librairie.
20 Seule presse universitaire belge francophone qui est à la charge de l’édition des syllabi de son université.
21 L’étape de vérification est le moment où le contenu rédigé par un·e auteur·trice universitaire est validé par un comité scientifique (organisé par la presse et/ou par le/la directeur·trice de collection).
22 Lou Burnard, Qu’est-ce que la Text Encoding Initiative ? Comment ajouter un balisage intelligent aux ressources numériques, OpenEdition Press, Marseille, 2015, https://books.openedition.org/oep/1297.
23 Initialement créé en 2001 pour la publication de revues via revues.org devenu OpenEdition Journals en 2017. Lodel est distribué sous licence libre GPL 2. Une version 2.0 du logiciel a été annoncée en mai 2023 https://webcast.in2p3.fr/video/lodel-2-et-son-environnement-technique pour la fin de la même année.
24 Acronyme de « Méthodes et outils pour l’édition structurée ». Comme l’indique le Pôle Document Numérique sur le site de l’Université de Caen, ce projet « vise à mettre au point, à développer et diffuser, librement dans la sphère publique, par des actions de formation auprès des éditeurs publics et des revues labellisées CNRS un ensemble d’outils et de méthodes leur permettant d’organiser leur production et leur diffusion papier et numérique sur le modèle du Single Source Publishing ». Le problème principal de cette méthode est de proposer aux éditeurs une solution complète pour la publication scientifique en libre accès sur la base d’outils propriétaires.
25 https://www.adobe.com/be_fr/creativecloud/file-types/image/vector/indd-file.html
26 https://onixedit.com/portals/0/docs/manuals/ONIXEDIT FR/QuestcequONIX.html
27 Uniquement pour l’impression numérique.
28 Pour les Presses Universitaires de Liège, il s’agit de l’imprimeur liégeois Snel. Notons accessoirement que la Ciaco est aussi l’imprimeur d’OpenEdition Press. Voir https://books.openedition.org/oep/604?lang=fr.
29 À titre d’information, la Ciaco privilégie également la technologie Onixsuite pour sa librairie en ligne i6doc.
30 Acronyme de la « Bibliothèque Interuniversitaire de la Communauté française de Belgique ».
31 https://www.bicfb.be/projets/projets-realises/depots-institutionnels
32 ORBi (ULiège), ORBi (UMons), DIAL (UCLouvain), ResearchPortal (UNamur) et DI-fusion (ULB).
33 En 2012, grâce au financement Équipex, OpenEdition a lancé un programme de soutien à la numérisation de livres intitulé « Programme 15 000 livres ». L’année suivante, OpenEdition Books est inauguré. Voir https://leo.hypotheses.org/8619.
34 Les médias sociaux contribuent au réseautage professionnel. Pour ne citer que les plus connus : LinkedIn, ResearchGate ou encore Academia.edu. Ces trois plateformes sont partiellement gratuites, mais pas ouvertes.
35 https://www.uliege.be/cms/c_18828828/fr/plan-strategique-de-l-universite-de-liege-2022-2026 (ULiège) ; https://uclouvain.be/fr/decouvrir/h600.html (UCLouvain) ; https://www.calameo.com/books/000265915e1fdd46d45b0 (UMons) ; https://www.ulb.be/fr/gouvernance/cap-2030-le-plan-strategique-de-l-ulb (ULB) ; https://www.unamur.be/universite/vision-et-valeurs/plan-strategique-univers-2025 (UNamur).
36 https://muse.jhu.edu/search?action=browse&limit=publisher_id:258
37 Commission européenne, Open Innovation, Open Science, Open to the World. A vision for Europe, 2016, https://doi.org/10.2777/061652, p. 34.
38 Peter Suber, Qu’est-ce que l’accès ouvert ?, tr. fr. M. Lebert, OpenEdition Press, https://books.openedition.org/oep/1603, pp. 19-21.
39 Nicolas Morin (dir.), « Pépinières de revues en bibliothèques. De nouvelles synergies pour l’édition scientifique publique » [dossier], 2023 (1ertrimestre), Arabesques, 108, https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3123.
40 Décret du 3 mai 2018 visant à l’établissement d’une politique de libre accès aux publications scientifiques (open access), Gallilex – Centre de Documentation Administrative, https://gallilex.cfwb.be/document/pdf/45142_000.pdf.
41 https://www.frs-fnrs.be/fr/politique-scientifique/99-chercheurs/appels-reglements-docs-resultats/295-faq-open-access
42 Les BPC ne sont pas exclusives à l’écosystème éditorial universitaire, puisqu’il existe également dans l’édition classique. À l’image des APC (Article Processing Charges), cette charge financière attribuée à l’auteur (ou parfois à l’institution) sert à couvrir les frais qu’engendre la publication d’un article ou d’un livre scientifique par un éditeur. Cette pratique n’est pas réservée qu’aux éditeurs privés, puisque comme le montre le tableau synoptique, elle concerne également l’édition publique universitaire belge francophone.
43 L. O. Snyder & J. Fathallah « Sustainable Futures for OA Books: The Open Book Collective », The Journal of Electronic Publishing, 2023, 26(1), https://doi.org/10.3998/jep.3372.
44 European Commission, Future of scholarly publishing and scholarly communication – Report of the Expert Group to the European Commission, Publications Office, 2019, https://data.europa.eu/doi/10.2777/836532.
45 C’est dans cette optique que l’ULiège Library a rejoint OPERAS. L’Université de Liège est la seule université belge membre de l’organisation. La mission d’OPERAS est de coordonner et de fédérer les ressources en Europe afin de répondre aux besoins de communication scientifique des chercheurs en SHS.
46 À titre d’exemple, c’est dans le souci de garantir l’accès à la documentation scientifique électronique que les bibliothèques universitaires belges francophones se sont rassemblées au sein de la BICfB. Cf. https://www.bicfb.be/negociations.
47 https://www.adeb.be/fr/editeur
48 L’infrastructure Métopes est également reprise sous cette appellation de « méthodologie traditionnelle », car ce sont les mêmes logiciels qui sont préconisés. L’ajout d’un troisième logiciel (XMLMind) dans la chaîne éditoriale sous Métopes permet l’obtention d’un fichier pivot au format xml, selon le schéma tei. Ce fichier est ensuite susceptible d’être importé dans les plateformes d’OpenEdition. Métopes ne fait donc que prolonger la logique traditionnelle.
49 Cette diffusion connaît plusieurs formes : injection des métadonnées dans une base de données, remplissage de formulaires, envoi de courriels, démarchage d’un représentant commercial, etc.
50 Dans le cas de la distribution papier, l’étape de distribution présuppose l’étape d’impression.
51 Notons au passage que cette non-linéarité du processus éditorial n’est pas limitée aux moments de l’édition et de la publication. Elle connaît de nouveaux exemples aujourd’hui. Par exemple, en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France (BnF), la maison d’édition française Hachette (ré)imprime à la demande des livres considérés comme des trésors du patrimoine littéraire français conservés par la BnF. Cf. https://www.hachettebnf.fr/la-marque-hachette-bnf/. De l’étape de conservation, le livre retourne à l’étape d’impression/distribution, voire aux étapes d’édition et de publication. Ce procédé pose aussi la question de la conservation, de ses conditions, des formats, etc.
52 C. Dandurand, Préfiguration d’une structuration collective des éditeurs scientifiques publics engagés dans la science ouverte, [Rapport de recherche] Comité pour la science ouverte, 2022, https://hal-lara.archives-ouvertes.fr/hal-03713434, p. 30.
53 Idem.
54 Ibid., p. 29.
55 Par exemple, Marin Dacos & Pierre Mounier, L’édition électronique, La Découverte, coll. « Repères », 2010, https://doi.org/10.3917/dec.dacos.2010.01, p. 5, les auteurs définissent « éditer des textes » comme ce qui consiste à « les choisir, les rassembler, les corriger, les préparer, puis les diffuser et en faire la publicité (…) ».
56 Étape qui réintroduit le lecteur dans le processus de publication.
57 https://www.kbr.be/fr/loi-du-8-avril-1965-instituant-le-depot-legal/
58 La notion de « publieur » renvoie aux fonctions liées à l’étape de publication du livre. Cf. n. 42.
59 Sous cette notion, nous retrouvons également les bases de données. Dans le contexte universitaire belge francophone, il s’agit des dépôts institutionnels.
60 https://uclouvain.be/fr/bibliotheques/actualites/catalogue-des-formations.html (UCLouvain) ; https://lib.uliege.be/fr/support/besoin-daide/formations (ULiège) ; https://web.umons.ac.be/bibliotheques/aide-a-la-recherche-documentaire-et-formations/ (UMons); https://www.unamur.be/bump/formations (UNamur) ; https://bib.ulb.be/fr/support/chercheurs (ULB).
61 R. David Lankes, « Faciliter la création de connaissances », Exigeons de meilleures bibliothèques, Les Ateliers de [sens public], Montréal, 2019, édition augmentée, https://ateliers.sens-public.org/exigeons-de-meilleures-bibliotheques/chapitre4.html.
62 Le coût des abonnements à des catalogues et bases de données privés sont négociés collectivement par la BICfB avec les éditeurs privés. Voir https://www.bicfb.be/negociations. Cette négociation collective n’est pas sans rappeler le phénomène d’inflation actuelle du prix de ces abonnements. Ce phénomène concerne autant les revues scientifiques que les livres universitaires. Il connait des degrés divers, d’abord en fonction de l’entreprise privée qui détient le catalogue, ensuite en fonction du domaine d’activité auquel le catalogue est attaché.
63 Par exemple, la « Bibliothèque On-line du Réseau de l’Académie de Louvain » (BORéAL) était un réseau regroupant l’UCLouvain, l’UNamur et l’USLB. L’Académie de Louvain n’existe plus depuis 2017, suite à la fusion de l’USLB et de l’UCLouvain. En 2023, l’Alliance universitaire Louvain Namur (Aulne) a été constituée. Cf. https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/2023/09/29/luclouvain-et-lunamur-scellent-leur-union-avec-lalliance-aulne-NOPJBA2AYBA2JCVYV2OBIHCK4I/.
64 La BICfB s’occupe de la négociation avec les grands éditeurs privés pour les périodiques scientifiques, les e-books et les databases.
65 https://www.bicfb.be/etudes/etudes-cloturees/big-deals-2017-2019. Certaines universités ont rompu leur contrat avec les grands éditeurs privés. Cf. C. Nguyen, « Les bibliothèques universitaires se désabonnent », Documentaliste-Sciences de l’Information, 51, 2014/3, https://doi.org/10.3917/docsi.513.0009.
66 European University Association, 2019 Big Deals Survey Report. An Updated Mapping of Major Scholarly Publishing Contracts in Europe, pp. 50-51, https://eua.eu/resources/publications/829:2019-big-deals-survey-report.html.
67 V. Larivière, S. Haustein, P. Mongeon, « The Oligopoly of Academic Publishers in the Digital Era », PLOS ONE, 10(6), 2015, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0127502.
68 Pour les livres : https://treemaps.openapc.net/apcdata/bpc/ ; pour les articles : HYPERLINK « https://treemaps.openapc.net/apcdata/combined/ » \l « publisher/ »https://treemaps.openapc.net/apcdata/combined/#publisher/.
69 L’ARES l’a une nouvelle fois constaté : les frais de publication ont quasiment doublé par rapport à l’année précédente. Voir ARES-CBS, Suivi et évaluation des effets du décret « Open Access » de la Fédération Wallonie-Bruxelles : rapport 2021 (données 2020), pp. 23-25, https://www.ares-ac.be/fr/actualites/850-decret-open-access-rapport-2021.
70 https://fr.unesco.org/open-access/qu’est-ce-que-le-libre-accès
71 À l’ULiège par exemple : https://lib.uliege.be/fr/ressources-et-services/services/pret-interbibliotheques.
72 Nous y reviendrons lors de l’étape 2 du projet AcOBE.
73 Entendu ici comme l’accès effectif à la publication et aux traitements qui peuvent être effectués, comme la recherche d’occurrences, le surlignage, le commentaire, etc.
74 Par exemple, la numérisation est une activité liée à la conservation des ouvrages imprimés. La BICfB a mis en place un DONum (« dépôt d’objets numérisés ») interuniversitaire qui moissonne les DONum des universités de la FWB. Cf. http://donum.bicfb.be/page/institutions et https://www.bicfb.be/projets/projets-realises/donum-depots-dobjets-numerises-2008-2015.
75 https://www.kbr.be/fr/depot-legal/
76 COPIM, WP7 scoping report on archiving and preserving OA monographs, 2022, https://doi.org/10.5281/zenodo.6725309.
77 https://fr.wikipedia.org/wiki/Reconnaissance_optique_de_caractères
78 L’impression à la demande existe bel et bien en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les deux imprimeurs présents dans le paysage des presses institutionnelles sont la Ciaco et Snel. Ces deux entreprises offrent une impression à la demande, mais selon des modalités différentes.
79 R. David Lankes, « Préface à l’édition en langue française », Exigeons de meilleures bibliothèques, Les Ateliers de [sens public], Montréal, 2019, édition augmentée, https://ateliers.sens-public.org/exigeons-de-meilleures-bibliotheques/preface.html.
80 R. David Lankes, « La mission des bibliothèques : bien plus que des livres », op. cit.
81 En date du 1er décembre 2023 : 1 revue de l’Académie royale de Belgique, 2 revues de l’USLB et 25 revues de l’ULiège. Cf. https://popups.uliege.be/accueil/index.php?id=80.
82 https://ojs.uclouvain.be/
83 Celles interrogées ne demandent que quelques euros pour l’achat d’une carte d’accès.
84 C. Letrouit et al., La place des bibliothèques universitaires dans le développement de la science ouverte, 2021, https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/la-place-des-bibliotheques-universitaires-dans-le-developpement-de-la-science-ouverte-47671.
85 O. L. Vergnas, « Les bibliothèques, des passerelles scientifiques pour le plus grand nombre » dans J. Ancelin (dir.), Médiatiser la science en bibliothèque, Presses de l’ENSSIB, Villeurbanne, 2016, https://books.openedition.org/pressesenssib/4966.
86 Cf. n. 30, p. 11.
87 https://amp-theguardian-com.cdn.ampproject.org/c/s/amp.theguardian.com/science/2023/may/07/too-greedy-mass-walkout-at-global-science-journal-over-unethical-fees
88 N. Fraser et al., « No deal: German researchers’ publishing and citing behaviors after Big Deal negotiations with Elsevier », Quantitative Science Studies, 4(2), 2023, pp. 325–352, https://doi.org/10.1162/qss_a_00255.
89 https://www.ouvrirlascience.fr/un-historique-du-libre-acces-aux-publications-scientifiques-et-aux-donnees/
90 Cette raison économique est encore d’actualité. Par exemple, l’ARES l’a souligné en 2022, le coût des abonnements aux catalogues des éditeurs privés a presque doublé par rapport à l’année précédente. Cf. n. 59, p. 20.
91 É. Cohen & P. Goetschel, « L’Open Access vu par deux historiennes », Sociétés & Représentations, 37, 2014, §15, https://doi.org/10.3917/sr.037.0143.
92 https://www.budapestopenaccessinitiative.org/
93 https://openaccess.mpg.de/68042/BerlinDeclaration_wsis_fr.pdf ; cette initiative a fêté ses 20 ans en 2022 : https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/290642/1/BOAI20_French.pdf.
94 https://openaccessbelgium.files.wordpress.com/2012/10/brussels-declaration-on-open-access.pdf
95 https://www.bicfb.be/projets/projets-realises/depots-institutionnels
96 https://fr.wikipedia.org/wiki/Dataverse
97 https://www.openedition.org/19220
98 https://www.persee.fr/a-propos
99 En septembre 2023, SciELO fêtait ses 25 ans d’existence. Cf. https://25.scielo.org/.
100 Morin, « Pépinières de revues en bibliothèques. De nouvelles synergies pour l’édition scientifique publique », op. cit., pp. 4-5.
101 https://popups.uliege.be/accueil/index.php?id=187
102 Cf. n. 71, p. 23.
103 https://popups.uliege.be/accueil/index.php?id=189
104 https://reseau-reperes.fr/
105 https://uclouvain.be/fr/universite-numerique/les-revues-ouvertes-a-l-ucl.html
106 https://popups.uliege.be/accueil/index.php?id=177
107 https://www.erudit.org/xsd/article/3.0.0/doc/
108 https://documentation.huma-num.fr/stylo/
109 Z. Ancion et al., Action Plan for Diamond Open Access, 2022, https://doi.org/10.5281/zenodo.6282403.
110 Ibid, p. 5.
111 https://pressesuniversitairesdeliege.be/publications/revues/
112 https://www.bicfb.be/projets/projets-realises/depots-institutionnels
113 https://en.wikipedia.org/wiki/Single-source_publishing
114 R. Alessi & M. Vitali-Rosati (dir.), Les éditions critiques numériques. Entre tradition et changement de paradigme, Les Presses de l’Université de Montréal, coll. « Parcours numériques », 2023, https://pum.umontreal.ca/catalogue/les_editions_critiques_numeriques, p. 190.
115 « HyperText Markup Language » ou « langage de balises pour l’hypertexte » en français.
116 « Cascading Style Sheets » ou « feuilles de style en cascade » en français. Ce langage informatique permet d’appliquer des styles sur les différents éléments sélectionnés dans un document html. Pour plus d’informations à ce sujet : https://developer.mozilla.org/fr/docs/Learn/Getting_started_with_the_web/CSS_basics.
117 Le javascript (communément appelé « JS ») est un langage de programmation de scripts, surtout employé dans les pages web afin de les rendre interactives.
118 HYPERLINK « https://pagedjs.org/documentation/1-the-big-picture/ » \l « what-is-paged.js%3F »https://pagedjs.org/documentation/1-the-big-picture/#what-is-paged.js%3F
119 A. Masure, « Ouvrir le livre. HEAD – Publishing, une cellule éditoriale engagée dans la dissémination des savoirs », Viral – Biennale internationale de design graphique de Chaumont, 2021, https://hal.science/hal-04106519.
120 http://blog.osp.kitchen/residency/a-practice-of-boilerplates.html ; https://www.olivierevrard.be/html-css-to-print/.
121 https://www.arthurperret.fr/blog/2022-06-22-publication-multiformats-pandoc-make.html
122 Cf. p. 14 du présent document.
123 Masure, « Ouvrir le livre. HEAD – Publishing (…) », op. cit., p. 5.
124 V. Louvet, Le logiciel libre à l’université, Journée OPUS, 19 septembre 2023, Paris (France), https://opus2023.sciencesconf.org/data/Louvet_2023_OPUS_logiciel_libre.pdf, p. 15.
125 Un plugiciel (parfois nommé « addiciel » ou « extension ») est un petit logiciel complémentaire permettant d’offrir de nouvelles fonctionnalités, comme l’affichage d’équations mathématiques, par exemple.

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Rapport final du projet Droit d'auteur © 2023 par Jason Dufrasne est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.

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